Attractivité et tourisme Responsable
Les rendez-vous d’après saison
20 octobre 2022- grotte Chauvet 2
Retours sur les présentations et les échanges de l'après midi
Tirer les enseignements et rebondir après une (nouvelle) saison hors norme
Les années 2020 et 2021 avaient été des saisons hors normes en raison de la crise sanitaire et de ces incidences sociétales et touristiques. Nous pensions que 2022 serait une année touristique plus conforme à la « normale » et à la dernière
année de référence 2019. Force est de constater que ce ne fut pas tout à fait le cas ! ……
(lire l’ensemble de l’introduction par Bernard Chazaut, Président de Gorges de l’Ardèche Tourisme)
Les échanges de l’après-midi sont animés par Pierre Eloy (Touristic) qui accompagne l’équipe de l’Office de Tourisme sur la relation client.
Sommaire
- La communication et la relation client en situation de crise (climatique)
- Rester stratège dans sa relation client face aux événements climatiques
- Animer sa communauté autour d’un discours positif
- Intervention de l’ADT sur les pistes de travail
- Gérer et anticiper la saisonnalité avec les changements climatiques
- Gérer la fermeture de son attrait majeur en pleine saison et rebondir
- Faire évoluer sa communication en douceur dans un contexte qui demande beaucoup de souplesse
- Conférence duo, Agence Kairns
- Compte-rendu des ateliers participatifs
- La suite… Calendrier des prochains rendez-vous
La communication et la relation client en situation de crise (climatique)
En sud Ardèche cet été, plusieurs phénomènes climatiques et médiatiques se sont entrechoqués et ont généré une situation de communication de crise jamais vécue jusqu’alors :
Au niveau national, des médias qui relaient largement le manque d’eau dans les rivières et notamment dans les gorges du Verdon… un amalgame entre Verdon et Ardèche, et au final des clients inquiets sur le niveau d’eau, l’accès à la rivière, la possibilité de se baigner (et surtout de se rafraîchir) et de faire du canöé. Un besoin de rassurance très important et parfois des annulations de séjours.
Au niveau national et international, une forme de tourism bashing et une communication exacerbée des grands médias sur le “sur-tourisme”. La reprise d’un photomontage du Pont d’Arc, hors contexte, d’une photographe belge Natacha De Mahieu, y compris dans des médias étrangers comme le Guardian a été extrêmement marquante.
Au niveau local, c’est une communication sur les cyanobactéries dans la rivière début juillet, non avérée mais largement partagée sur les réseaux, qui a généré beaucoup d’inquiétude chez les vacanciers. Couplé aux interrogations sur le manque d’eau, ce point a induit un nombre incalculable d’appels en Office de tourisme (40% des appels liés à la crise cet été) et chez les professionnels. L’expérience a montré que certains acteurs, contribuaient à véhiculer des messages erronés ou non avérés et nous n’étions pas préparés ni outillés pour répondre collectivement aux interrogations.
Au niveau local, des prises de paroles d’habitants sur les réseaux sociaux relayant les messages de sur tourisme, notamment une vidéo montrant un embouteillage sur une passe à canoë qui connaissait alors un problème technique. Vidéo qui a enregistré 272 000 vues !
Au niveau local, une difficulté à sensibiliser et à atteindre les professionnels du tourisme dans le rush de la saison. Un travail à faire pour construire un discours collectif et définir les meilleurs canaux pour le diffuser auprès des acteurs.
Rester stratège dans sa relation client face aux événements climatiques
Témoignage d’Isabelle Laban-Hecquet, directrice de la communication au sein du Syndicat Intercommunal du Bassin d’Arcachon (SIBA).
Isabelle expose le poids de l’activité touristique sur le bassin d’Arcachon et la façon dont elle anime plus de 840 acteurs autour de sa marque. Après les incendies vécus en Gironde cet été, elle explique la stratégie de communication mise en œuvre pour “sauver la saison” et la façon dont elle a pu s’appuyer sur ce réseau de professionnels pour transmettre un message fort et coordonné.
Animer sa communauté autour d’un discours positif
Frédérique Dore est responsable marketing et communication au Parc Nigloland (Parc de loisirs dans l’Aube, 700 000 visiteurs/an), elle explique comment sa communauté d’habitués et de fans contribue largement à l’image du parc et à sa défense en cas de rumeurs ou d’attaques injustifiées.
Intervention de l’ADT sur les pistes de travail
Richard Buffat, directeur de l’Agence de développement touristique de l’Ardèche, intervient sur le plan de communication de crise du département.
A l’échelle départementale, nous avons fait un double constat en 2022. D’une part, les acteurs touristiques institutionnels et privés restent peu organisés pour faire entendre leur voix auprès des élus et des représentants de l’Etat en charge de la gestion des crises (sécheresse, incendies, canicule, ….) et de la préservation de l’environnement.
Nous devons donc nous doter de données économiques précises et d’éléments de langage communs pour convaincre les décideurs et par déclinaison les habitants de l’apport majeur du tourisme à l’activité et la qualité de vie des habitants.
D’autre part, nous faisons le constat que si nous sommes bien organisés pour communiquer sur le temps long, c’est moins le cas en situation de crise. Il convient donc de nous organiser à travers la mise en place d’une cellule de crise. Elle nous permettra de réagir rapidement à un problème posé avec des éléments de langage communs. Ils seront diffusés en externe en direction des médias et en interne en direction des acteurs touristiques et des élus locaux. Cela permettra de porter des messages clairs et factuelles et d’enlever ainsi de la lisibilité aux informations négatives et souvent déformées ou fausses qui circulent en situation de crise. L’ADT et les Offices de tourisme concernés seront, en lien avec les filières professionnelles, les têtes de pont de ce dispositif dès la saison 2023.
Gérer et anticiper la saisonnalité avec les changements climatiques
La fréquentation globale de la destination “Gorges de l’Ardèche Pont d‘Arc” cette saison est satisfaisante (+7% par rapport à 2019).
La canicule de cet été a été exceptionnelle et rejoint déjà les prévisions de 2050. mais la qualité de l’eau de la rivière, globalement bonne, dans les 25 sites surveillés sur le bassin versant n’a pas été plus dégradée que les années précédentes.
Pour autant, cette chaleur a fortement impacté les comportements des clientèles qui sont moins sorties et ont consommé moins d’activités.
L’activité canoë a été fortement impactée avec une baisse de la descente historique (Chames/Sauze) dès le mois de juin. La moyenne et la mini descente connaissant à leur tour une forte baisse en juillet et août.
Les résultats de l’enquête de conjoncture menée auprès des professionnels partenaires de l’Office de tourisme (135 répondants) ont montré que 80% d’entre eux sont impactés par le changement climatique (demande de climatisation, ventilateurs, piscines, peu de visites aux heures les plus chaudes, image négative due au manque d’eau, réduction de la durée des parcours en canoë ou des activités sportives, baisse de la consommation en général…).
Simon Lalauze est chargé de mission SAGA à l’EPTB (Etablissement Public Territorial du Bassin Versant de l’Ardèche). Il explique les particularités et les contraintes de la gestion de l’eau en sud Ardèche. Il présente l’étude prospective “Ardèche 2050” qui doit permettre de décrire les effets du changement climatique à attendre, de manière très concrète, sur notre territoire et nos activités.
Gérer la fermeture de son attrait majeur en pleine saison et rebondir
Nicolas Jabaudon est directeur de l’Office de tourisme Médoc Atlantique.
Il présente sa destination et explique que les incendies de cet été ont généré une fermeture des pistes cyclables sur son territoire alors même que le vélo est l’activité majeure de sa destination. Il explique la gestion de cet épisode compliqué en pleine saison.
Faire évoluer sa communication dans un contexte qui demande beaucoup de souplesse
Face à la crise cet été, l’Office de tourisme et l’ADT ont réalisé conjointement des campagnes de sensibilisation pour rassurer les clientèles sur le fait que l’Ardèche était baignable et navigable. Les effets ont été de deux ordres : une augmentation sensible des réservations bivouacs et canoës mais des réactions fortement négatives sur les réseaux sociaux.
Alors même que les réactions aux post Facebook habituels de l’office de tourisme sont toujours extrêmement positives (90% positifs VS 10% négatifs), de nouveaux commentaires et des postures éco-responsables/défensives ont fait leur apparition (80% négatifs et 20% positifs) montrant la nécessité d’adapter sa communication et de ne pas agir dans la précipitation.
La difficulté cette saison a montré la difficulté à trouver le juste équilibre pour séduire tout en restant responsable et réaliste sur la situation du terrain.
L’Office de tourisme, en partenariat avec le SGGA et les loueurs de canoë, a sorti début juillet une série de vidéos pédagogiques et ludiques pour sensibiliser le public aux bonnes pratiques dans la réserve nationale. “L’Académie des Gorges de l’Ardèche” est une première pierre à l’édifice pour faire évoluer la communication et va s’enrichir de nouvelles vidéos la saison prochaine.
Tout l’enjeu à l’avenir sera de conjuguer transparence/sensibilisation des publics et séduction/ attractivité de la destination.
Conférence duo, Agence Kairn
Cédric Chabry (Think my web) et Sébastien Répéto (Mydestination) gèrent tous deux leur agence dans la communication digitale. L’une spécialisée dans la stratégie digitale et l’autre dans le social média. Ensemble, ils viennent de créer « Kairn » pour accompagner les destinations dans une communication touristique digitale plus responsable et éco-friendly.
Cédric rappelle les fondamentaux sur l’impact carbone du tourisme et de la communication touristique. Sébastien en visio donnent des exemples d‘actions menées sur les réseaux sociaux de l’agence d’attractivité “Pays Basque-Béarn Pyrénées” pour faire évoluer les comportements et les pratiques en faveur d’un tourisme plus responsable.
Compte-rendu des ateliers participatifs
Les participants (professionnels, élus, institutionnels) sont répartis en 4 ateliers qui travaillent tous en simultané sur la même question :
Quels sont les 3 thèmes majeurs et actions à mener ensemble cet hiver ?
Il leur est demandé de proposer des pistes d’actions pour améliorer la relation client dans un premier temps, l’évolution de l’offre n’étant pas le sujet du jour. Dans les faits, les deux sujets ont été largement évoqués et ont fait l’objet d’échanges entre les acteurs présents.
Etre mieux préparé à une crise éventuelle comme on l’a vécue cet été
- Sur chaque commune créer une cellule de crise avec des acteurs locaux connaissant très bien leur territoire : agriculteurs, éleveurs, chasseurs, randonneurs et autres amateurs de sports de plein nature, pros du tourisme avec bien-sûr des élus, les pompiers, etc.
- Dresser une liste d’activités à faire quand il fait chaud.
- Tenir un discours positif sincère face aux discours négatifs.
- Relayer les différents sites informatifs (baignades, numéros d’urgence, infos sur la qualité des eaux) par le biais d’un QR code chez les professionnels
- Sensibiliser les vacanciers aux Eco-gestes et aux bonnes pratiques : proposer un Kit de sensibilisation de la destination disponible chez les professionnels. Ex : gourde aux couleurs du territoire avec valorisation des points de « remplissage » chez les partenaires.
Mieux gérer les flux dans le temps et dans l’espace
- Pour les sites touristiques, avoir les horaires de fréquentation basse rassemblés dans un document et/ou une page du site de l’Office de Tourisme : « Bons plans ».
- Pratiquer des comptages de fréquentation dans les lieux les plus touristiques. Il y a trop de population dans les villages de caractère et les plus beaux villages de France.
- En été, envoyer les personnes sur des villages moins fréquentés
- Créer des circuits valorisant des lieux, des villages moins connus, en dehors des sentiers battus
- Pour le Pont d’Arc : proposer des expériences différentes sur des heures de faible affluence comme « petit dej au Pont d’Arc ».
Valoriser les activités des ailes de saison/hors saison
- Créer, animer et valoriser un réseau d’acteurs ambassadeurs ouverts sur les ailes de saison
- Valoriser et créer un annuaire des prestataires ouverts sur les ailes de saison / toute l’année, le communiquer aux pros et le partager par eux.
- Besoin d’une information plus régulière et plus précise sur ce qui est ouvert, ce qu’on peut faire toute l’année. Travailler autour d’une thématique par saison ou à l’année qui inclut tous les acteurs du territoire sans oublier les habitants, qui soit en lien avec un tourisme durable et sur laquelle on communique de manière forte peut-être pas uniquement par le biais des OT mais aussi des communes, EPCI… On peut penser par exemple à des thèmes liés à l’eau, au patrimoine (naturel, bâti, immatériel) …
- Que tout le monde (ou presque) joue le jeu (ouvertures plus longues). A minima organiser des roulements d’ouverture
- Montrer qu’il y a un esprit de vacances même en dehors de l’été.
- Mettre l’accent sur les clientèles de proximité pour allongement de la saison (Rhône, Isère, Haute Loire …).
Faire évoluer la communication en lien avec la question des flux et des ailes de saison
- Communiquer avec de belles images sur d’autres sites et activités que les totems de la destination. Faire des focus sur des endroits et activités moins fréquentés, originaux, différenciants et aussi jolis que le Pont d’Arc
- Mettre en avant des artisans et professionnels locaux aux savoir-faire et produits en adéquations avec les valeurs du tourisme responsable.
Investir le champ des transports, de la mobilité et du vélo
- Unanimité sur la place croissante du vélo, le fait qu’il soit facteur d’attractivité touristique en toutes saisons. sur notre territoire.
- Volonté d’en faciliter la pratique. Nécessité de développer la cyclabilité avec des infrastructures vélo encourageant la pratique de tous les publics en toute sécurité
- Vélo = moyen de transport alternatif pour décongestionner certains accès routier (ex du Pont d’Arc)
- Fermer des routes à la circulation ? en test pour expérimenter, puis certains jours ou certaines heures comme sur les cols de montagne
- Manque de navettes pour desservir la grotte Chauvet mais aussi d’autres sites touristiques. Il est possible de faire arriver des clients/vacanciers sur nos communes par train et bus mais après, pour aller visiter, il n’y a plus rien.
- Réflexion à mener (des communautés de communes) sur un système de location de voiture électrique.
Travailler en réseau
- Faire des ateliers rassemblant les pros afin de créer une synergie entre les différents acteurs et un réseau favorable à un tourisme réparti sur une période longue.
- Proposer des « éductours » et former tous les acteurs du tourisme et les saisonniers afin que nous soyons tous des ambassadeurs du territoire
- Utiliser les réseaux sociaux plus intensément pour faire jouer le réseau. Sur Facebook par exemple, chaque membre de l’OT ainsi que chaque partenaire devraient mutuellement être « amis » cela permettrait une communication de chacun à grande échelle.
Pistes de réflexion à plus long terme… et vœux pieux ?
- Trouver un tourisme qui ne soit pas tributaire d’éléments fragiles : météo, nature…
- Accueillir moins mais mieux ?
- Cibler une clientèle réellement « éco-responsable » (manque de cohérence entre la valeur éco responsable et les critères demandés par les clients : piscine / clim..)
- Il faudrait étaler les vacances d’été.
Nous avons souhaité restituer l’essentiel des idées proposées lors de ces ateliers. Certains sont déjà mises en place par l’Office de Tourisme, les collectivités ou les partenaires. Elles nécessitent sans doute d’être mieux communiquées et diffusées. D’autres font déjà l’objet de réunions de travail, d’autres enfin devront être creusées, hiérarchisées et être rendus opérationnelles, ce sera notamment l’objet de nos prochaines réunions.
Les suites à donner… Calendrier des prochains rendez-vous
A l’issue de ces travaux, il est constitué 3 groupes de travail
1 – Gestion des flux dans la réserve des Gorges et sur le Grand site de la Combe d’Arc avec les loueurs de canoë, la Communauté de communes des Gorges de l’Ardèche et la Syndicat de gestion des Gorges de l’Ardèche
Cycle de réunions déjà engagé avec les loueurs. Prochaine réunion le 21 novembre.
Projet de Bison futé des Gorges
2 – Mieux communiquer et gérer la relation clients en période de crise
Quelle articulation entre local / départemental et le projet de la création de céllule de crise ADT.
Comment rassembler les éléments de discours, les digérer et mieux les partager/diffuser au sein du réseau des acteurs du tourisme du territoire ?
Comment améliorer la réactivité face aux besoins souvent urgents d‘information ?
Comment rallier les communautés d’habitants, de résidents secondaires, de saisonniers, de clients à “la cause” ?
3 – Valoriser et favoriser les initiatives éco-responsables du territoire
Comment repérer et initier les bonnes pratiques et les adaptation des activités aux changement climatique chez les acteurs touristiques du territoire (éco-gestes, mobilité alternative, activités décarbonées, adaptation horaire et diffusion sur le territoire). En connaissez vous ?
Comment mieux valoriser ces acteurs et en faire des exemples à suivre ?
Venez partager vos pépites et vos bons plans “alternatifs” du territoire